bioprosection
CREDAL-IHEAL/CERI
Jean Foyer
CREDAL-IHEAL
∗
Une version légèrement remaniée de l’article de Mr Dumoulin et de Mr Foyer a été publiée dans le dernier numéro de la revue Problèmes d’Amérique Latine, automne 2004, La documentation française.
165
Cahier du GEMDEV n°30 – Quel développement durable pour les pays en développement ?
INTRODUCTION
On voudrait analyser ici la bioprospection non dans ses modalités pratiques, mais plutôt comme objet de conflit politique, de controverse socio-technique, permettant de faire dialoguer scientifiques, militants et politiques. L’émergence de ce type de concertation semble bien avoir une importance cruciale pour l’avenir des pratiques démocratiques. Pour comprendre les polémiques, il est nécessaire de les réinscrire dans une dynamique politique beaucoup plus large, ainsi que de prendre en compte le rôle de ces individus à la frontière entre l’expertise et le militantisme, qui utilisent les réseaux transnationaux pour faire circuler l’information et la contestation par delà les frontières. Tant la bioprospection que sa contestation sont inscrites dans des dynamiques transnationales.
Si on définit très largement la bioprospection comme la collecte scientifique de matière vivante (plantes, champignons, micro-organismes, animaux,...) on a à faire à une pratique ancienne et très répandue1.Cette pratique a pu et peut encore s’appuyer sur la participation des populations indigènes et de leur savoirs traditionnels, comme il en est question ici. On devrait parler dans ce cas d’ethno-bioprospection2 puisque la collecte porte tout autant sur les organismes vivants que sur les connaissances liées à ces derniers. La bioprospection ne saurait donc être réduite à un simple exercice de collecte puisqu’elle se trouve désormais en amont d’un processus long et complexe, impliquant des connaissances