Boileau
Epître VI
Nicolas Boileau (1631 – 1711), appelé de son vivant Despréaux, naquit et vécut à Paris. Il fit son droit, mais se consacra à la poésie. Il tient une grande place dans l'histoire littéraire par l'exposé qu'il fit dans l'art poétique (1674), des principes adoptés par les meilleurs écrivains de son temps. Mais il a aussi écrits des Satires, des Epîtres, un poème burlesque, Le Lutrin et des ouvrages de proses appréciables.Boileau séjourne sur les bords de la Seine, à Haute-Isle, dans le Vexin, chez son neveu Dongois! dans l'Epître VI, adressée en 1677 à son ami Monsieur d Lamoignon, avocat général au Parlement de Paris, il expose les joies qu'il y trouve, pour justifier son absence prolongée. En 1679, à la mort de Jérôme, il logea quelques années chez son neveu Dongois, aussi greffier; mais bientôt, après avoir fait en carrosse les campagnes de Flandre et d'Alsace, il put acheter avec les libéralités du roi une petite maison à Auteuil, et on l'y trouve installé dès 1687. Sa santé d'ailleurs, toujours si délicate, s'était dérangée de nouveau; il éprouvait une extinction de voix et une surdité qui lui interdisaient le monde et la cour. C'est en suivant Boileau dans sa solitude d'Auteuil qu'on apprend à le mieux connaître; c'est en remarquant ce qu'il fit ou ne fit pas alors, durant près de trente ans, livré à lui-même, faible de corps, mais sain d'esprit, au milieu d'une campagne riante, qu'on peut juger avec plus de vérité et de certitude ses productions antérieures et assigner les limites de ses facultés. Eh bien! le dirons-nous? chose étrange, inouïe! pendant ce long séjour aux champs, en proie aux infirmités du corps qui, laissant l'âme entière, la disposent à la tristesse et à la rêverie, pas un mot de conversation, pas une ligne de correspondance, pas un vers qui trahisse chez Boileau une émotion tendre, un sentiment naïf et vrai de la nature et de la campagne3.Note 3: (retour) Afin d'être juste, il ne faut pourtant pas oublier que quelques