Jean et Bérenger traitent de la difficulté de vivre comme en témoignent les champs lexicaux de la peur, du fardeau, de la vie elle-même (que nous détaillerons ultérieurement). Ils expriment donc des soucis profondément humains. En revanche, le Vieux Monsieur et le Logicien discutent de syllogismes absurdes, plus soucieux du fonctionnement démonstratif que de la vérité. En effet, le Logicien procède rationnellement: il propose d'abord " un exemple de syllogisme ", soucieux d'illustrer concrètement le processus logique. Son discours est émaillé de charnières articulant les différentes étapes d'un raisonnement (" voici donc ", " donc ", " mais ", " à condition "). Enfin, il procède par affirmations, à l'aide de phrases brèves, de définitions comme en témoigne la récurrence de l'auxiliaire " être ". Ces certitudes reposent sur le fonctionnement même du syllogisme, exposé par deux fois (l. 22-23 et 45-46). A partir de deux constatations initiales, l'une générale (" le chat a quatre pattes " ou " tous les chats sont mortels "), l'autre particulière (" Isidore et Fricot ont chacun quatre pattes ", " Socrate est mortel "), ils aboutissent à une déduction considérée comme infaillible (" Donc Isidore et Fricot sont chats ", " Donc Socrate est un chat "). Ces exemples soulignent la rigidité du raisonnement mais aussi son aberration puisque l'on débouche sur des non-sens.
Deux couples évoluent donc sur scène, l'un apparemment plus désincarné que l'autre. En effet, les deux premiers personnages, dotés d'une identité, se démarquent des deux autres, dont les appellations désignent plus des fonctions que des personnes. Ceux- ci traitent de questions dérisoires, contrepoint comique à la gravité des deux amis. Dès lors, on peut voir dans le Vieux Monsieur et le Logicien les doubles grotesques de Jean et Bérenger. Mais peut- être auront-ils une autre utilité l'absurdité de leurs propos ne risque-t-elle pas de contaminer les discours sérieux des deux autres ? C'est pourquoi il nous