bourgeoishubaultactivitressourcepourorganisation2013
PUF, pp89-102
L’activité, ressource pour le développement de l’organisation du travail Fabrice Bourgeois & François Hubault
L’organisation du travail s’impose dès qu’on mobilise des ressources pour agir dans un contexte donné. Cette mobilisation organisée des ressources privilégie, depuis le taylorisme et le fordisme, la procéduralisation du travail, jusque dans les « nouvelles formes d’organisation », comme récemment, le lean.
Une telle approche postule que l’efficacité de l’organisation réside dans la valeur des procédures mises en place pour agir dans le monde réel, et leur contrôle. Or l’analyse ergonomique montre que pour être efficace, l’activité des opérateurs – expression qui inclut les managers – s’en écarte. Ceci ne condamne pas le principe d’une organisation du travail mais les modes déterministes dominants qui la soutiennent le plus souvent et qui obligent les opérateurs à se débrouiller avec des moyens insuffisants ou inadaptés, et le risque de dégrader et leur efficacité et leur santé.
Dans ce chapitre sera défendue une vision positive de l’activité comme ressource d’organisation. Elle implique de redéfinir la place de la standardisation et la nature de la prescription et de préciser le rapport de l’organisation, d’une part au réel, de l’autre à la subjectivité. 1. Quand la standardisation fige l’organisation, l’opérateur est à la peine
Sur le taylorisme, on s’en tiendra ici à rappeler qu’il a prétendu prescrire "scientifiquement" la meilleure façon, pour tous et pour chacun, d’exécuter le travail. D’entrée, l’organisation taylorienne dénie toute légitimité à l’opérateur à décider ce que vaut sa méthode empirique de travailler, confiant la responsabilité de l’Ouvrage à la direction d’entreprise et aux sciences de l’ingénieur, la conception et la prescription du travail. Cette reprise en main sera l’une des clés de la révolution industrielle. Dit scientifique parce que appuyé sur des correspondances