extrait de La Nuit de Mai
Les deux premiers vers énoncent la thèse romantique de la souffrance comme moteur de la création : "Les chants désespérés sont les chants les plus beaux / Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots." Cela rappelle au passage que Chant = poésie lyrique, expression sentiments intimes, mélancoliques. Il y a là quelque chose qui peut paraître malsain, de masochiste ("Laisse-là s'élargir, cette sainte blessure") : nature tourmentée du poète.
Les deux vers 3.4 présentent le pélican de retour d'un long voyage, thème classique à la poésie lyrique comme Du Bellay (Heureux qui, comme Ulysse...), mais de façon négative : "lassé", "dans les brouillards". Le verbe "retourne" au présent : une action habituelle et répétitive.
On apprends que le pelican est "père" (v. 8) de "ses petits", qui attendent qu'il leur donne ce qu'il est allé chercher, puisqu'ils sont "affamés". On voit la charge qui pèse sur lui : bien que le père semble très fatigué ou blessé quand il vient "s'abattre sur les eaux", il doit encore se soucier de leur sort en les nourrissant. "proie" et "joie", une relation de causalité : le père est fêté en tant que nourrisseur de ses petits, Un contraste se dessine : les enfants sont encore au stade de l'illusion alors que le père, lui, a une conscience de son sort.
Pour l'instant la chute de la phrase sur les "goitres hideux" confirme le contraste, cette fois entre la disgrâce et la joie. Antithèse.
La phrase suivante, répartie encore sur trois vers (10-12), confirme la distance existant entre père et enfants par sa prise de hauteur ("roche élevée"), comme s'il était conscient de sa supériorité. Éloignement car il reste le père protecteur : "de son aile pendante abritant sa couvée". Ce père est un rêveur, comme le prouve l'épithète "mélancolique".
Champ lexical de la religion important ("cieux", plus loin avec "Dieu"), oiseau "pêcheur" en un plus spirituel 'pécheur'. Jeu de mot.
Quel crime ? "le sang coule à longs