Ca sylvie - organisation
Sylvie est conductrice de chariots élévateurs. Employée par une agence de travail temporaire, elle travaille dans un entrepôt logistique d’un grand distributeur. Les premiers jours de sa mission se passent très bien. Ses supérieurs hiérarchiques sont très satisfaits et en informent son agence de travail temporaire. Elle fait des semaines complètes avec des heures supplémentaires et montre un total dévouement, réorganisant une partie des stocks pour faciliter son travail et celui de ses collègues de manière autonome.
Mais un jour la situation s’inverse. Personne ne lui fait aucun reproche sur la qualité de son travail. Pourtant, on lui confie moins d’heures de travail. Elle ne fait plus que des semaines à temps partiel et est contrainte d’accepter des tâches qu’elle juge dégradantes (du ménage ou du travail à la chaîne) et pour lesquelles elle n’a pas été embauchée. Ses relations avec ses supérieurs hiérarchiques immédiats deviennent insupportables.
Un autre intérimaire cariste (Paul) travaillant dans le même établissement a été interrogé. Rien de tout cela ne lui est jamais arrivé. Le fait que Sylvie soit une femme de 25 ans cariste depuis deux ans et que son collègue Paul soit un homme, âgé de 35 ans et expérimenté depuis plus de 10 ans fait peut-être la différence. Dans un monde où les postes à responsabilité et les postes de cariste sont occupés essentiellement par des hommes, Sylvie a les plus grandes difficultés à s’imposer. Elle est ainsi en conflit ouvert avec son supérieur hiérarchique immédiat, Patrick, qui décide du nombre d’heures qu’elle fera. Elle ne supporte plus ses insultes misogynes et envisage deux représailles possibles : lui intenter un procès pour harcèlement ou le «balancer» à la direction du groupe pour vol de marchandises dans l’entrepôt.
Le fait que Sylvie soit une femme a certainement joué en sa défaveur, mais la question du vol était intéressante à suivre. Selon les deux interviewés c’est une pratique assez