CASTIGAT RIDENDO MORES
Voici l'origine de cette devise de la comédie :
Il y avait longtemps que Dominique, arlequin des Italiens, désirait avoir du poëte Santueil une épigraphe pour mettre sur la toile de son théâtre ; mais, comme le héron de la fable, le poëte a ses heures, et Dominique ne pouvait rien obtenir. Il s'affuble un jour de son habit de théâtre, prend son sabre de bois, s'enveloppe de son manteau, et va frapper à la porte de Santueil. «Quand tu serais le diable, s'écrie Santeuil, entre si tu veux.» Dominique ouvre aussitôt la porte, jette son manteau, se met à courir autour de la chambre en faisant mille lazzis et différentes postures de caractère. Santeuil, surpris, arrête brusquement le comédien, et le serrant de près : «Je veux que tu me dises qui tu es ? ... Je suis le Santeuil de la comédie italienne. ... Et moi, reprit le poëte, qui reconnut Dominique à l'expression originale de ses attitudes, l'arlequin de Saint-Victor.» Le poëte répond aux singeries de l'acteur par des grimaces et des contorsions. Ils finissent leur farce par s'embrasser. Ce fut ce moment de verve et de bonne humeur que le comédien saisit pour obtenir du poëte l'épigraphe si connue, qu'on lit encore sur la toile de quelques théâtres : Castigat ridendo mores.
Ce qu'on dit de la comédie, castigat ridendo mores, est plus vrai encore de la fable. Sous des formes variées, attrayantes, elle a toujours servi de guide aux hommes.
Anat. de la Forge.
On vient nous répéter que la comédie corrige en amusant : Castigat ridendo ; il me semble bien plus évident qu'elle amuse sans corriger, quand toutefois elle amuse.
Revue de Paris.
Cela fâchait le grand évêque de Meaux qu'on appelât le théâtre l'école des mœurs, et il avait boudé Santeuil pour sa fameuse inscription : Castigat ridendo mores.
J. Janin.
Je n'ignorais pas que la comédie châtie les mœurs en riant : Castigat ridendo mores. J'ai donc ri avec tout le monde, mais en trouvant pourtant qu'il