Cesaire
L’art poétique pour Césaire est un art qui puise sa substance de l’expérience vécue. Pour le père fondateur de la Négritude, la poésie s’imbrique intimement avec le passé, le présent et l’avenir. Césaire dira « AU lecteur italien » (1962) de ses poèmes qu’ils ont « illuminé ma vie » et surtout « clarifié et défini ma vie ». Le Cahier d’un retour au pays natal, composé loin de l’île inspiratrice, parut en 1939 en France dans la revue Volonté, passe inaperçu. Nous sommes à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, le milieu littéraire milite contre l’envahisseur nazi et ne se soucie pas du poème d’un créole de Fort-de-France. En 1947, le Cahier d’un retour au pays natal atteint une grande notoriété notamment grâce à son édition bilingue anglaise. Cette première œuvre de Césaire est un cri et l’émergence d’une conscience noire antillaise. La plume est à la fois poétique et enragée, ce qui constitue ici la richesse et la beauté du poème. Comment Césaire élabore t-il un nouvel espace poétique, où le poète est un voyant, un vate, un prophète, vaste appariement sensuel, homme d’encensement. Le « poteau-mitan », axe totémique de son œuvre est le double paradigme oppositionnel de l’anabase et de la catabase ; de la chute et de l’envol ? C’est à travers une esthétique moderne héritée des mouvements littéraires Français de l’époque que collaborent pouvoir militant et création poétique où l’écriture devient un hymne universel et Césaire un poète porte-parole de l’Homme libre en quête d’identité.
1/ Catabase
La dimension particulière du Cahier provient de « l’expression d’un malaise existentiel », le poète s’en prend à tout. La ville, la plage, la route, les reliefs, les animaux, les hommes. Tout l’environnement végétal, animal, humain semble avoir subi une dégénérescence. C’est une