Chartes des sophistes et philosophie
4. Le sophiste et le philosophe
Platon n’a cessé de reprocher aux sophistes leur opportunisme, de n’avoir aucun souci de la vérité et de ne se préoccuper que de vraisemblance afin de triompher à l’Assemblée ou au tribunal. L’attaque de la plus décisive s’opère dans le Gorgias, un dialogue qui met en scène Socrate et le célèbre sophiste. Lisons ensemble le début de cet entretien.
1. Lecture du Gorgias de Platon
a) Qu’est-ce …afficher plus de contenu…
Le rhéteur veut persuader à tout prix, il ne se donne pas pour mission d’instruire les majorités qu’il rallie à ses thèses. Mais cet aveu n’est pas sans conséquences : la rhétorique n’instruit en rien sur le juste et l’injuste, elle n’est pas ouvrière de la persuasion qui produit la connaissance, c’est donc qu’elle ne repose pas elle-même sur la connaissance du juste et de l’injuste. La rhétorique s’est donnée un objet dont elle ne sait rien : elle n’est pas une science. Mais alors à quoi bon prendre les leçons d’un rhéteur s’il n’est le spécialiste de rien et si son art ne produit aucune science ? Gorgias va répondre à cette question en célébrant le pouvoir de la …afficher plus de contenu…
Mais Socrate a été condamné, ce qui témoigne du fait que pour espérer convaincre, il faut encore persuader.
La conviction ne repose que sur la froide raison. Elle est purement intellectuelle et s’adresse à des interlocuteurs qui sont loin d’être de purs esprits. C’est ce qui fait sa faiblesse par rapport à la persuasion qui s’adresse moins à la raison qu’au sentiment. Pour convaincre quelqu’un, il faut sans doute aussi le persuader, c’est-à-dire s’adresser à son affectivité autant qu’à son esprit. En ce sens, il est frappant de constater qu’on convainc plus facilement quelqu’un en y mettant de la chaleur, en témoignant d’une sorte d’engagement sentimental en faveur de la vérité : on s’adresse ainsi autant à la raison de