Chartisme et socialisme
Le chartisme est un mouvement social et politique anglais qui connaît son essor dans les années
1836 à 1848. Il est défini par François Bédarida comme « le mouvement populaire le plus profond et le plus riche qu'ait connu l'Angleterre moderne ».
Son nom provient de la Charte du peuple (the People's charter), pétition de 1838 qui expose les revendications du mouvement.
Celles -ci sont au nombre de six :
– suffrage universel pour tout homme adulte (21 ans)
– scrutin secret
– éligibilité de tous les citoyens
– instauration d'une indemnité parlementaire
– redistribution des circonscriptions électorales
– élection annuelle du Parlement, c'est-à-dire limitation à un an du mandat parlementaire
On observe ainsi que ces revendications concernent avant tout la refonte du système électoral, très inégalitaire, puisqu'il ne permet pas à tous de voter ni d'être élu (à cause des critères d'éligibilité mais aussi parce qu'un travailleur ne peut se permettre de perdre du temps de travail à effectuer une activité non rémunérée), de voter sans être soumis à des pressions ni à la corruption, mais permet à une minorité de désigner la majorité des élus à cause d'un découpage électoral très peu équilibré.
Cependant, derrière ces revendications politiques se cache véritablement un désir de changement social, en permettant au peuple, à la majorité, de reprendre le pouvoir. En effet, le chartisme ne peut se traiter indifféremment du socialisme, « terme désign[ant] l'ensemble des idées et des doctrines politiques qui, depuis le début du XIXème siècle, projettent de mettre fin aux injustices sociales engendrées par le capitalisme industriel et financier, et de changer la société dans le sens d'une plus grande égalité » (Encyclopaedia Universalis, « Socialisme », Olivier Nay). Les travaux de
Robert Owen, penseur du socialisme utopique, vont d'ailleurs avoir une forte portée sur le chartisme. Cet industriel gallois va par exemple défendre