Chasseurs de vieux
En mars 1946 fut organisé le premier recensement de la population de l’après-guerre.
Ce fut aussi le mois d’une forte poussée de la natalité. Le nombre mensuel des naissances en
France, qui était en moyenne avant-guerre et en
1945 un peu supérieur à 50 000, atteint 65 000 en janvier et février puis bondit à 78 000 en mars. Dans le numéro 2 (avril-juin 1946) de la toute jeune revue Population [1], on put lire le commentaire suivant : « Le nombre des nais - sances de 1946 marquera sur celui des années précédentes une augmentation considérable par suite du retour massif des prisonniers et dépor - tés au milieu de l’année dernière : il semble qu’il doive atteindre 900 000. C’est là un chiffre qui n’a pas été observé depuis 1901. (…) Toutes choses égales d’ailleurs et si la [fécondité] demeurait notamment celle de 1945, (c’est-àdire très au-dessus du niveau d’avant-guerre) le c h i f f re des naissances de 1947 s’établirait aux environs de 750 000. »
Plus durable que prévu
Jamais le nombre annuel de naissances n’atteignit
900 000. Mais le baby- boom n’était pas un phénomène éphémère, comme celui qui avait suivi la Première Guerre, en 1919. En 1946, « il n'y eut que » 840 000 naissances, mais il y en eut davantage, 867 000, les trois années suivantes.
La fécondité correspondante atteignait 3 enfants par femme. Natalité et fécondité s’abaissèrent ensuite un peu, jusqu’à environ 800 000 naissances par an de 1953 à 1956, et 2,7 enfants par femme, puis remontèrent jusqu’à des maxima de
2,9 enfants par femme en 1964 et de 879 000 naissances en 1971, avant les baisses qui conduisirent aux minima de 1994 (tableau 1, p.3).
Ce qui fut relativement éphémère, ce fut le
« boom » des mariages. Leur nombre annuel était d’environ 270 000 avant-guerre. Il fut de
393 000 en 1945 et de 517 000 en 1946, mais la décrue commença dès 1947 (427 000). La stabilisation se fit autour de 310 000 dès 1951 [2]. La hausse reprit en 1963 en raison de