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Le visage d'Autrui est ce qui me rappelle que je ne suis pas seul au monde. Le visage en m'apparaissant me découvre égoïste et je suis bouleversé par lui au plus profond de mon être. Je suis déstabilisé. Par son visage, Autrui se présente d'abord à moi comme un être qui n'est pas moi et ne me ressemble pas. Celui-là n'a rien de commun avec moi, c'est un étranger. Autrui est un être singulier, c'est-à-dire qu'il est unique et ne se laisse même pas englober par un ensemble tel que celui de l'humanité. Autrui est extérieur à toute catégorie. Dans cette manifestation du visage d'Autrui, je découvre l'absolument Autre, ce qui est différent et ne peut être réduit à des similitudes ou à des comparaisons, toujours trop superficielles. Autrui arrive à moi, comme une apparition divine, une illumination mystique, et me laisse pantois, stupéfait et débile. Non pas qu'il s'impose à moi par la force, avec ses armes, ses gros souliers, non pas qu'il m'impose la présence de ses différences, mais plutôt que je m'ouvre à lui par la vision de son visage qui est pure nudité, pur dénuement. Autrui n'est pas armé, il m'apparaît faible et c'est ainsi qu'il perce la totalité du Moi, il s'invite dans mon être en me sortant de mon égoïsme. Ce qui est d'abord pertinent dans le visage, c'est son regard, car à travers lui filtre un message, l'expression de son dénuement que j'accueille en moi. Tout le visage est expression. C'est par le langage que je rencontre Autrui, dans le discours. M'opposant son infinie extériorité - il n'a rien de commun -, Autrui entre dans une relation avec moi. Son visage me commande : « Tu ne tueras point ». Et voilà le meurtre rendu possible. Il entre en relation avec moi, mais ne se laisse pas réduire par cette relation. Je reconnais un droit à Autrui dans le discours, il y conserve toute son altérité. Car Autrui est ce qu'il y a de plus transcendant. Il est d'abord extérieur à tout. C'est l'infini qui déborde la