Claude lévi strauss le sorcier et sa magie
Le refus de boisson et de nourriture, fréquent chez des malades en proie à une angoisse intense, précipite cette évolution, la déshydratation agissant comme stimulant du sympathique, et la diminution de volume du sang se trouvant accrue par la perméabilité croissante des vaisseaux capillaires. Ces hypothèses ont été confirmées par l’étude de plusieurs cas de traumatismes consécutifs à des bombardements, des engagements sur le champ de bataille, ou même des opérations chirurgicales : la mort intervient, sans que …afficher plus de contenu…
Pour tenter de l’analyser, nous nous pencherons d’abord sur le cas du vieux shaman suppliant son jeune rival de lui dire la vérité, si la maladie collée au creux de sa main, comme un ver rouge et gluant, est réelle ou fabriquée, et qui sombrera dans la folie parce qu’il n’aura pas eu de réponse. Avant le drame, il était en possession de deux données : d’une part, la conviction que les états pathologiques ont une cause, et que celle-ci peut être atteinte ; d’autre part, un système d’interprétation où l’invention personnelle joue un grand rôle, et qui ordonne les différentes phases du mal, depuis le diagnostic jusqu’à la guérison. Cette affabulation d’une réalité en elle-même inconnue, faite de procédures et de représentations, est gagée sur une triple expérience : celle du shaman lui-même, qui, si sa vocation est réelle (et même, sans doute, si elle ne l’est pas, du seul fait de l’exercice) éprouve des états spécifiques, de