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Les monuments aux morts de la Grande Guerre constituent aujourd’hui un élément banal dans le paysage urbain de la France. L’éloignement chronologique de la
Guerre, la disparition des derniers « poilus » expliquent sans doute la banalisation de ces monuments auxquels nous ne prêtons plus aucun regard, tout en sachant qu’ils font partie de notre cadre quotidien. La faible originalité de la plupart des monuments aux morts (dans la Corrèze comme ailleurs) explique que nous ne percevons même plus le langage symbolique utilisé par les auteurs. Quatre-vingts années après leur construction, ces monuments seraient devenus a-historiques : nous ne voyons plus le monument lui-même, mais sa seule fonction, et le message qu’il transmet semble à tout jamais figé dans la pierre.
Cette exposition vise modestement à réintégrer le monument aux morts dans notre champ visuel, à permettre une relecture d’un langage qui est d’un autre temps, mais qui touche à notre humanité et surtout à l’examen de la « mémoire » nationale. À côté du dossier iconographique (une sélection de monuments aux morts corréziens) nous présentons aussi un certain nombre de documents et d’articles de journaux qui restituent toute la signification de ces petits mémoriaux que sont les monuments aux morts. Seule la connaissance du contexte historique peut redonner aux monuments aux morts tout le sens qu’ils ont perdu. Et c’est ainsi que l’on mesure, un demi-siècle après la dernière grande guerre européenne, la distance qui nous sépare d’un patriotisme sincère, mais reposant sur le mythe d’une guerre toujours « glorieuse ». Certes, la laideur et la tragédie de la guerre n’a pas été occultée, comme en témoignent les symboles et les scènes exprimant d’abord le deuil et l’infinie tristesse de la mort d’une génération d’hommes jeunes (1 350 000 en France, soit près d’une personne sur vingt- huit). Mais la guerre encore trop présente dans les