Cohabitua
Pendant trois septennats, la vie politique française est en état d’arythmie. À partir de 1981 et pendant un quart de siècle, les élections législatives se traduisent systématiquement par la défaite de la majorité parlementaire sortante.
Deux réformes adoptées au début des années 2000 bouleversent la donne : La première raccourcit le mandat du Président de sept à cinq ans. La seconde prévoit la tenue des élections législatives au lendemain de l’élection présidentielle. Désormais, le Président et l’Assemblée sont tous deux élus pour cinq ans, les Français élisant leurs députés quelques semaines après leur président. Au lendemain de l’élection présidentielle, « l’effet de souffle » est tel que le parti du Président est presque assuré de remporter les élections législatives : en 2002 (après la réélection de Jacques Chirac) et en 2007 (après la victoire de Nicolas Sarkozy), l’UMP obtient la majorité à l’Assemblée nationale. La probabilité d’une nouvelle cohabitation devient presque nulle.
L’élection présidentielle est la mère de toutes les batailles. Celui qui la remporte est presque assuré de gagner quelques semaines plus tard les élections législatives et de disposer d’une majorité parlementaire jusqu’à l’expiration de son mandat. Politiquement, le Président est, plus que jamais, le chef de la majorité. Sur le plan institutionnel, le rôle du Parlement se réduit à « mettre en loi » les engagements que le Président a pris devant les Français durant la campagne présidentielle. Jusqu’en 2002, des élections législatives s’intercalaient nécessairement entre deux scrutins présidentiels. Le Premier ministre avait pour mission de les remporter ou, éventuellement, d’assumer son échec et, ainsi, de protéger le Président. Avec le quinquennat, l’élection présidentielle suivante est le seul horizon électoral du chef de l’État. Le Premier ministre s’efface, laissant le Président entretenir un dialogue direct avec les Français