Colonisation europèenne et système colonial du milieu du xixsiecle au milieu du xx siecle
Par : Louis Côté, Benoît Lévesque, Guy Morneau
Si elle n’est pas nouvelle, la question du modèle québécois se pose tout de même avec plus d’acuité au Québec depuis quelques années. C’est sans doute que le champ politique est à son égard beaucoup plus polarisé aujourd’hui qu’il ne l’était antérieurement. En effet, et contrairement à ce qui a prévalu dans les premières décennies ayant suivi la Révolution tranquille, les forces qui contestent le modèle existant sont non seulement plus nombreuses, mais surtout organisées politiquement. Dans ce contexte, de nombreux chercheurs ont abordé la question du modèle québécois. Plusieurs l’ont fait dans une perspective circonscrite, s’en tenant au modèle de développement économique ; il en est ainsi des chercheurs du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES). D’autres se sont attachés aux effets économiques et sociaux du modèle québécois, et ce, selon des traitements diversifiés, depuis des critiques fortes – pensons ici aux travaux de l’Institut économique de Montréal – jusqu’à des défenses argumentées – que l’on retrouve dans l’Annuaire du Québec, par exemple.
Le présent texte est assurément d’une nature différente et, espérons-le, complémentaire des recherches mentionnées. Son objet est plus large, mais sa visée moins ambitieuse. Un objet plus large car, embrassant l’ensemble de la gouverne, il s’intéresse à l’évolution du modèle québécois de gouvernance. Une visée moins ambitieuse puisque, s’appuyant sur une recherche en cours, il se concentre sur le point de vue d’un groupe d’acteurs qui ont joué un rôle clef dans le cadre de l’évolution de ce modèle. Nous préciserons tout d’abord, dans une première partie, ce que nous entendons par modèle de gouvernance et présenterons succinctement une typologie pouvant permettre de comparer et de comprendre les différents modèles. Puis, après avoir introduit la recherche dont proviennent les