L’intervention militaire de 2011 en Libye, sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies et impliquant de nombreux Etats membres, a été mise en œuvre officiellement pour des raisons humanitaires, afin, selon les termes des Conventions de Genève, « d'apporter protection et assistance aux victimes d'une situation de conflit armé ou de violence interne », dans le respect des « principes d’humanité, d’impartialité et de neutralité ». L’action humanitaire concerne un nombre d’acteurs important. Des associations étudiantes jusqu’aux organisations transnationales, de nombreuses structures non gouvernementales ont pour but l’aide aux populations en difficulté dans le monde. Parallèlement, on note que les acteurs politiques (gouvernement, organisations internationales), sont de plus en plus concernés par l’action humanitaire. Une des premières Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui a agi à l’échelle transnationale est le Comité International de la Croix-Rouge (CICR), créé en 1863 à Genève. Cent cinquante ans plus tard, s’il est très difficile d’évaluer précisément leur nombre, on estime qu’il y a aujourd’hui cinquante mille ONG dans le Monde. On peut définir ces dernières comme des organisations indépendantes des Etats, qui agissent toutefois dans le champ national ou international. Les travaux sociologiques au cours du siècle dernier ont amené à dégager cinq grandes caractéristiques des ONG : une origine privée, un but non lucratif, une volonté de recherche de l’intérêt public, et une indépendance financière mais aussi politique. Le rapport à la politique des ONG et des humanitaires, c’est-à-dire les individus qui œuvrent dans ces associations, est un critère qui porte à débat, ce qui amène notamment Johanna Siméant, professeur de science politique, à s’interroger sur la figure de « l’humanitaire apolitique », dans le cadre d’un article issu de La Politisation de Jacques Lagroye. Pour ce dernier, il y a politisation quand des acteurs forment un accord pour «