Commentaire composé bac français 2005
(Hugo rejette ici les normes classiques qui imposent leurs interdits au théâtre et en poésie.)
Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en caste ; Les uns, nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes, Les Méropes (1), ayant le décorum pour loi, Et montant à Versaille (2) aux carrosses du roi ;
5 Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires (3), Habitant les patois ; quelques-uns aux galères Dans l’argot ; dévoués à tous les genres bas, Déchirés en haillons dans les halles ; sans bas, Sans perruque ; créés pour la prose et la farce ;
10 Populace du style au fond de l’ombre éparse ; Vilains, rustres, croquants, que Vaugelas (4) leur chef Dans le bagne Lexique avait marqués d’une F ; N’exprimant que la vie abjecte et familière, Vils, dégradés, flétris, bourgeois, bons pour Molière.
15 Racine regardait ces marauds de travers ; Si Corneille en trouvait un blotti dans son vers, Il le gardait, trop grand pour dire : Qu’il s’en aille ; Et Voltaire criait : Corneille s’encanaille ! Le bonhomme Corneille, humble, se tenait coi.
20 Alors, brigand, je vins ; je m’écriai : Pourquoi Ceux-ci toujours devant, ceux-là toujours derrière ? Et sur l’Académie, aïeule et douairière (5), Cachant sous ses jupons les tropes (6) effarés, Et sur les bataillons d’alexandrins carrés,
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