commentaire de correspondances, Beaudelaire
« Correspondances », Les Fleurs du mal, Baudelaire, 1857-1861
Introduction
Le quatrième poème des Fleurs du mal succède à deux textes évoquant la condition malheureuse du poète. Il est en effet maudit par sa mère dans « Bénédiction » et rejeté par les hommes dans « L’Albatros ». Mais la vocation du poète se voit justifiée dans les deux poèmes suivants. En effet, « Elévation » révèle son génie car il est seul capable de comprendre « Le langage des fleurs et des choses muettes ! » et le poème « Correspondances » présente le poète comme un médiateur entre la nature et les hommes. Ce premier sonnet du recueil constitue un art poétique car il expose une nouvelle conception de la poésie, fondée sur les correspondances.
I/ L’exposé d’un art poétique
Le vers 8 : « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. » constitue le crédo1 de la poésie baudelairienne fondée sur la perception sensible. Baudelaire est fortement influencé par
Hoffmann : « Ce n’est pas tant dans le rêve que dans cet état de délire qui précède le sommeil et particulièrement quand j’ai entendu beaucoup de musique que je perçois une manière d’accord entre les couleurs, les sons et les parfums. Il me semble alors qu’ils se manifestent tous de la même façon mystérieuse dans la lumière du soleil pour se fondre ensuite en un merveilleux concept. ». De plus,
Baudelaire subit l’influence de Nerval, tiré d’Aurélia : « Comment ai-je pu exister si longtemps hors de la nature et sans m’identifier à elle. Tout vit, tout agit, tout se correspond. ». De plus, Baudelaire se déclame ouvertement des mystiques : « L’imagination est la plus scientifique des facultés car seule elle comprend l’analogie universelle, ou ce qu’une religion mystique appelle la correspondance. ». Le terme « temple » au vers 1 semble renvoyer à cette orientation mystique de la poésie qui établit une sacralisation de la nature. En effet, celle-ci devient le lieu d’une révélation. On remarque la présence