Commentaire de la fin du chapitre VI des Nouveaux essais sur l’entendement humain de Leibniz

L’élite intellectuelle occidentale de l’âge classique était l’objet de ce que l’on a appelé a posteriori « la République des Lettres ». Cette république officieuse était rytmée par de nombreux débats parallèles. C’est le cas de la dispute sur le langage qui s’est instituée indirectement entre l’empiriste John Locke et celui que l’on peut considérer comme innéiste Leibniz. En effet, Locke dans ses essais sur l’entendement humain avait cherché à apprendre à connaître l’entendement humain ou plus exactement, d’apprendre à connaître les limites de l’entendement, à déterminer ce que nous sommes capables de connaître, en particulier pour éliminer de faux espoirs.

C’est donc après s’être opposé aux principes innés(livre I) tout droit issus du cogito de Descartes, et avoir posé que les idées sont issues de la perception de la réalité (livre II)qu’il montre que les mots ne sont pas des signes naturels des choses ou des idées(livre III).Leibniz dans ses Nouveaux Essais sur l’Entendement Humain se met en scène sous le nom de Théophile et met en scène son interprétation de Locke sous le nom de Philalèthe.

Théophile et Philalèthe vont donc chercher dans la genèse des langues le primat des idées sur les mots et inversement. Philalèthe, suite à une longue démonstration érudite, montre que l’expérience précède les idées. Les langues se sont formées à partir de phénomènes naturels (croassement d’une grenouille peut donner des mots comme reich ) puis, par les échanges et les migrations les langues s’influencent de proche en proche. Alors que pour Théophile,c’est précisément l’inverse.

Il n’ y a pas d’essences ou plutôt elles sont fluctuantes car issues de l’intelligence humaine. Le désaccord est parti du fait que pour Philalèthe le langage ne peut être construit que par une augmentation de l‘indétermination de l’idée : en clair, l’expérience prime et les mots partent des noms