Commentaire de texte : discours d’adalbéron
L’auteur en est Adalbéron, évêque de Laon, neveu de l’archevêque Adalbéron de Reims. Il appartenait à un très puissant lignage : il était de sang royal, affilié à la fois aux Carolingiens
(il était descendant des ancêtres de Charlemagne) et aux Capétiens (il était cousin germain des Ducs de Lorraine). Après avoir été chanoine de Metz, il fut établi en 977 évêque de Laon par Lothaire. C’est donc vers la fin de sa vie que cet homme, rattaché par son histoire personnelle et familiale aux deux grandes dynasties et à la tradition des Grands d’Eglise soutien du trône, rédige ce poème politique, qui par bien des aspects peut être vu comme une exorde adressée au roi Robert.
La situation de la toute nouvelle royauté est, en effet, critique dans ces années 1020.
Le pouvoir royal est complètement affaibli et a perdu toute autorité. Le propre père de
Robert, Hugues Capet, est arrivé sur le trône porté par l’élection des puissants du royaume.
Au début du XIe siècle, le principe électif est en effet du côté des rois, quand l’hérédité est du côté des Grands. L’hérédité de la dynastie capétienne, encore jeune, n’est qu’une hérédité de fait, qui repose sur le sacre du fils du vivant de son père. Or, au moment où est écrit ce poème, les fils de Robert se disputent le droit d’être sacrés, dispute que tranche Robert en faveur de l’aîné. Mais celui-ci meurt dès 1027, quelques temps après son sacre. Le poème, que nous ne savons pas dater avec précision, est peut-être même écrit après la mort du fils de
Robert, quand la dynastie capétienne n’a plus d’héritier sacré en vie. La royauté n’est pas seulement affaiblie par la perte de son autorité ou de sa crédibilité, elle est