Commentaire esprits des lois
1. Le système de défense
Il est annoncé dès le 1er § par l'indication des intentions du locuteur (" soutenir le droit ", " ce que je dirais ") : il s'agit clairement d'un plaidoyer en faveur de l'esclavage. Cependant, l'emploi du mode verbal employé (" Si j'avais " : irréel du présent) pose une situation d'énonciation hypothétique. Présupposé implicite de la 1ère phrase : Montesquieu n'est pas le Je ; mais il est présent via l'ironie, comme on va le voir.
2. Une variété d'arguments (en apparence logiques)
Cependant, à première vue, le texte présente des arguments rigoureux : § 2 : argument historique (conquêtes militaires) ; § 3 : argument économique (prix du sucre) ; § 4 : argument esthétique (nez) ; § 5 : argument théologique (âme noire) ; § 6 : argument ethnologique (verre / or) ; § 7 : second argument théologique ; § 8 : argument politique. Et à chaque fois on observe dans ces arguments des marques (en apparence) logiques.
II. Des arguments incohérents et indéfendables
En effet, chacun de ces raisonnements révèle son incohérence.
§ 2 : il n'y a aucun lien de nécessité entre des guerres et l'esclavage. Le rapport logique établi n'a donc rien de logique.
§ 3 : la logique est apparente (justifier l'esclavage par le désir d'avoir du sucre à meilleur prix) mais le fond est inacceptable. De plus, le sucre n'est pas une denrée de première nécessité.
§ 4 et 5 : logique erronée car le corps n'est pas révélateur de l'âme (préjugé raciste et interprétation erronée des textes sacrés).
§ 6 : argument qu'on est invité à retourner (en quoi est-il civilisé de valoriser l'or ?)
§ 7 : argument faux : comme l'Évangile interdit de rendre esclaves les hommes, on ne les considère pas comme des hommes (attitude intellectuellement hypocrite et moralement autojustificatrice).
§ 8 : argument le plus cynique : si les Princes n'abordent pas le problème de l'esclavage, c'est que ce n'est pas