Commentaire hugo
Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée est le premier poème du livre VII des Châtiments de Victor Hugo. Ce livre, intitulé Les Sauveurs se sauveront, indique la montée au paroxysme du recueil, dorénavant tourné vers la promesse de la victoire. C’est maintenant une certitude, Napoléon III-Le Petit, le « nain immonde », « Tom-Pouce Attila », sera destitué. L’Empire n’en a plus pour longtemps et le premier texte de ce livre l’affirme haut et fort.
Pour ce premier texte, Hugo a choisi la portée symbolique : ainsi il reprend un passage biblique, la prise de Jéricho par Josué (Josué, VI, 1-21), en n’en gardant qu’un passage particulier : les sept derniers tours qu’effectuent les Hébreux autour de la cité. Il fait de ce mythe une véritable réécriture actuelle. Cet extrait de la Bible doit être lu de manière symbolique, la chute de Jéricho correspondant à la chute du second Empire. De plus, ce texte comporte la réaffirmation de la position et du rôle du poète, comme ils sont décrits dans Les Châtiments. Ce poème peut ainsi faire pendant au premier poème du livre I : après la prophétie qui est annoncée nous sommes témoins de la réalisation de celle-ci ou du moins d’une de ses réalisations possibles.
Comment, à travers la réécriture d’un passage de la Bible, le poète-prophète annonce-t-il le châtiment et, pour la première nous le place aussi devant les yeux ? Dans une première partie nous étudierons la réécriture d’un passage de la Bible à valeur symbolique, puis nous étudierons la dramatisation de la scène, avant de voir la position et le rôle du poète-prophète.
1) Une réécriture de la Bible à valeur symbolique
Ce poème est composé de trois strophes, ou plutôt d’un bloc de vingt-quatre vers et de deux autres vers, détachés de la structure principale : un au début qui donne le sens dans lequel doit être lu le poème et un vers