Commentaire marine
Commentaire rédigé On appelle «marine» un tableau qui représente la mer, des bateaux, parfois des tempêtes déchaînées. C'est à ce genre de tableau sans doute que se réfère le titre d'un poème de Rimbaud, «Marine», recueilli dans Illuminations. Pourtant, on a d'abord du mal à reconnaître un paysage marin dans un poème qui évoque la charrue autant que les bateaux. L'image proposée étonne car elle renvoie à des espaces différents. Feu à peu cependant, s'impose le sentiment d'une force qui anime et unifie le paysage. En quoi cette évocation paraît-elle surprenante ? D'où viennent sa cohérence et sa force ?
Le poème surprend par la superposition de deux paysages que rien ne lie : un champ labouré, une jetée en bord de mer. Les mots de la mer et ceux de la terre sont mêlés. Le parallélisme des deux premiers vers rapproche « chars» de « proues» et les deux vers suivants, dans un ordre inversé, mettent sur le même plan «l'écume» et les «souches». Le tiret employé, à quatre reprises, en fin de vers détache les groupes syntaxiques et pose une sorte d'équivalence entre les termes marins et terrestres qu'il maintient séparés : les «chars» et les «proues», « l'écume » et les « souches », les « piliers » et les « fûts », Dans la deuxième phrase, les termes marins et terrestres sont mêlés à 'intérieur des groupes nominaux : «courants de la lande» « ornières du reflux» marin. Ce rapprochement des deux champs lexicaux produit une image instable où terre et mer se distinguent difficilement. Cette juxtaposition de termes marins