commentaire Pantagruel
Le chapitre XVI du Pantagruel de Rabelais, fait l’objet d’un portrait de Panurge, le fidèle compagnon du héros éponyme, et établit surtout une illustration morale du personnage en mettant en évidence ses aspects malicieux. En effet il apparaît comme un brigand, un voleur et un faiseur de mauvaises farces, cependant la lecture de ce chapitre ne semble pas faire pencher le lecteur vers une vision dégradante de Panurge. Comment Rabelais parvient-il à faire d’un personnage malfaisant, un personnage louable ? Nous traiterons d’abord des aspects élogieux quant aux activités de Panurge, puis nous nous pencherons sur les décalages de registres qui participent à l’humour et décrispent le lecteur quant à une considération dégradée du personnage.
I / L’éloge du larcin
1) La fin justifie les moyens :
Le narrateur, d’emblée, justifie la conduite de Panurge par le dicton : « faulte d’argent, c’est doleur sans pareille » qui selon la note, est un diction populaire au moyen-âge, on pourrait peut-être le comparer aujourd’hui à l’expression « pauvreté n’est pas vice », il semble, en introduisant le portrait de Panurge, décharger le personnage de toute mauvaise intention, par la justification de ses actes, à savoir, la pauvreté. Il utilise ensuite des adjectifs et adverbes plutôt mélioratifs pour qualifier sa manière de trouver de l’argent, à savoir : « la plus honorable et la plus commune estoit par façon de larrecin furtivement facit » « commune », suggère au même titre que le dicton précédemment cité une attitude générale donc justifiée, honorable est un qualificatif élogieux, et l’adverbe furtivement bien que moins mélioratif, implique un certain trait d’esprit. La justification se fait aussi par les personnes visées par le brigand ; seules les « bonnes gens » c’est-à-dire les personnes nobles, riches, ou affectées d’un titre prestigieux. En effet, on voit par exemple p 190 « et au