Commentaire sur jean giraudoux, electre, acte ii, scène 9
Une des caractéristiques du théâtre, dans la première moitié du XXe siècle, est la résurgence d’une antiquité gréco-latine influente, donnant lieu à de nombreuses réécritures des mythes. Ainsi, les mythes d’Œdipe, d’Electre et d’Orphée ont-ils inspiré Cocteau, Sartre ou Giraudoux. La mort du héros tragique ou des personnages importants, si elle ne constitue pas un élément obligatoire dans le dénouement d’une tragédie ou d’une pièce recourant au registre tragique apparaît néanmoins comme récurrente. Dans cet extrait d’Electre (1937) de Giraudoux, Oreste, pour venger la mort de son père, tue le couple Clytemnestre-Egisthe. Le récit de cette double mort, assumé par le personnage du Mendiant, est destiné aux autres personnages sur scène, mais aussi au spectateur, selon le principe de la double énonciation.
La tirade du Mendiant, qui présente donc les caractéristiques du récit et du dénouement, a pour but de décrire l’action se déroulant hors-scène, afin de rendre visible aux spectateurs ce qui ne l’est pas. Mais cette narration se révèle en réalité plus complexe et amplifie paradoxalement la violence des meurtres. Enfin, l’ambiguïté de la tirade, à la fois récit et commentaire, est accentuée par différents registres qui mettent en évidence les différentes « représentations » de la mort inscrite dans le mythe.
Le récit du double meurtre, qui constitue la résolution de l’action dans Electre, semble présenter les caractéristiques du dénouement classique et remplit ainsi différents fonctions.
En effet le théâtre classique du XVIIe, s’inspirant du théâtre grec et des principes énoncées par Aristote, pose la règle de bienséance qui interdit la représentation de la mort sur scène. De même, dans cette pièce moderne, le double crime d’Oreste se déroule hors-scène et son récit est assumé par le personnage du Mendiant, dans une longue tirade. Celle-ci présente les caractéristiques de la narration : les temps dominants sont le passé simple : « délièrent », «