Nous analyserons pour ce sujet deux documents de nature différente : le premier est un discours tenu à l'Assemblée nationale par le président du Conseil et ministre des Affaires étrangères Pierre Mendès-France ; le second est un extrait de la une du journal Le Figaro, citant les propos du général de Gaulle, alors président de la République. Parlant tous deux de la guerre d'Algérie déroulée entre 1954 et 1962, ces deux documents n'ont pas été émis dans la même période : le premier, qui date de novembre 1954, nous renvoie au tout début d'un conflit dont nul ne sait qu'il s'apprête à engendrer une guerre ; le second date de septembre 2959, alors que le conflit dure depuis cinq ans et que l'opinion publique française commence à se lasser de tous ces conflits. Cet écart chronologique entre ces deux documents permet de voir l'évolution de la position des gouvernements français au fur et à mesure que la guerre d'Algérie persistait.

Le discours de Pierre Mendès-France a été tenu au lendemain de la vague d'attentats organisé en Algérie par le Front de libération nationale (FLN) le jour de la Toussaint 1954. Pour la majorité des Français, et y compris pour Pierre Mendès-France qui s'apprête pourtant à reconnaître les indépendances tunisienne et marocaine, l'Algérie fait partie intégrante de la France et il serait alors absurde d'envisager une séparation, « il n'y a pas de sécession concevable ».
En effet, l'Algérie est une colonie à part, c' est la seule colonie française à accueillir des colons européens, les pieds-noirs. Ce sont, d'ailleurs, ces arguments qui sont rappelés en premier par Pierre Mendès-France : « les départements d'Algérie constituent une partie de la République française ». Cette position est largement partagée puisque Pierre Mendès-France est applaudi sur presque tous les bancs de l'Assemblée, de la gauche à l'extrême droite. Il continue néanmoins à apporter d'autres arguments pour justifier son refus de toute négociation avec les indépendantistes