"Mandoline" |

Introduction : Lorsque le poème paraît, "Mandoline" s'appelle "Trumeau" , un "panneau de glace décorant un dessus de cheminée ou un panneau décoratif . Le titre finalement retenu, "Mandoline", nous invite, lui, à une lecture plus musicale et moins picturale. La mandoline est souvent l'instrument utilisé pour la sérénade, qui est une "composition vocale et instrumentale, exécutée en plein air, durant la nuit, sous les fenêtres d'une personne qu'on veut séduire ou honorer".
On a une impression d'éloignement (travelling arrière) qui structure le poème :
- Deux quatrains qui présentent les acteurs d'une scène galante: des personnages conventionnels du théâtre( Clitandre, Damis) ou de pastorale (Tirsis, Aminte ), des amoureux transis
- Deux autres quatrains réunis en une seule phrase. La fête galante semble devenir évanescente. Les personnages disparaissent, leurs habits s'effacent à leur tour pour laisser place au son de la mandoline, puis au bruit du vent...
Verlaine a retenu ici le mètre impair de sept syllabes. Toutes les rimes sont féminines.

I - Une évocation onirique

a- Une fête galante:
Des personnages de comédie ou de pastorale: On pense à Molière avec Clitandre (l'Amour médecin, Les Femmes savantes, Georges Dandin...).) à Marivaux avec Damis (Les serments indiscrets) . Tircis est un berger amoureux d' Aminte dans un célèbre poème du Tasse. Théâtre et pastorale donc. Tous sont des amoureux transis dans des poses qui leur sont familières: on bavarde, « échange des propos fades », on fait des « vers tendres », on joue de la musique « donneurs de sérénade ».
Ces personnages apparaissent costumés, comme au théâtre, de façon élégante et surannée « vestes de soie », « robes à queue ». L'évocation des habits, somptueux, sont droit sortis des tableaux de Watteau, Boucher, Fragonard... Il existe en effet un tableau connu de Watteau, intitulé précisément Le donneur de sérénade . On pense bien sûr à la délicatesse des tons