Commentaires et fiches de lecture
Même si le narrateur (sans doute la narratrice) est absent, on sent un regard, un jugement, souvent une ironie, plus complexe qu’il n’y parait (éloge ou dénonciation ? Dénonciation par l’éloge ?). Mais ce n’est pas tout de dire que s’exprime ici une condamnation des « blancs », colons insolents d’égoïsme et de privilèges. Il faut d’abord noter (ce qui va de soi va mieux en le disant) que la description de ce quartier réfléchit l’image de colons précis(les lieux définissent les personnes), ce qui fait de cette description une description balzacienne ! Ce transfert de caractéristiques (richesse, propreté, blancheur) est le premier fait marquant du texte. Mais la projection de soi dans son environnement va plus loin dans cette page car ce quartier est plus qu’un reflet réaliste, c’est un fantasme, l’expression d’un rêve, le langage d’une mythologie inconsciente que perçoit et dévoile M. Duras. Car la narratrice ne dit pas au lecteur : regardez comme ils sont haïssables, ces colons. Elle dit : regardez comment ils pensent, comment ils se voient, comment ils se rêvent. Sa condamnation est indirecte, ironique. En s’introduisant dans les consciences, les mentalités, elle révèle une démesure, une folie, un délire. D’où la dernière caractéristique du texte : son dense réseau de métaphores. Il y a une très forte cohésion dans cette description, soudée autour de motifs récurrents : blancheur, immensité, fraicheur, inutilité, qui, les uns et les autres, vont se prêter au travail métaphorique de la narratrice associant ce haut quartier au jardin des délices, croisement d’un espace sacré et d’un séjour de béatitudes.
Pour approfondir ces quelques réflexions, reprenons selon l’ordre
I. Un quartier reflétant une puissance... « Là tout n’est qu’ordre et beauté/ Luxe calme et volupté » c’est faire injure à Baudelaire que