Commerce équitable
Le commerce équitable n’existe pas !
L’introduction réussie des « labels » de commerce équitable a passionné le représentant des intérêts des producteurs de café de Colombie en Europe du sud que je fus et interpelle le partenaire de nombreux producteurs du Sud que je demeure. Pourtant ce commerce équitable n’est pas sans provoquer un malaise dont je m’aperçois qu’il est largement partagé par de nombreux professionnels en Europe et dans les pays producteurs. D’où provient ce sentiment négatif devant ce qui est, après tout, un effort remarquable de personnes qui se dévouent noblement pour construire ce qui est peut être un début de solution au problème de dizaines de millions de paysans?
Car nous sommes en effet face à un vrai problème. La baisse des cours des productions agricoles est une réalité tangible qui concerne d’ailleurs aussi bien les des pays développés que les pays dits émergents. La situation des producteurs de café, de cacao, de fruits, de viande est chaque jour un peu plus précaire. Nous sommes face à un enjeu social et politique essentiel. Si les pays développés ont su à peu près soulager des plaies les plus douloureuses à force de subventions ou de barrières douanières, les pays dits émergents voient s’accumuler misère, amertume et, parfois, violence.
Mais se rappelle-t-on que la crise actuelle du café provient essentiellement de l’aide apportée par les pays développés ? Alors même qu’en 1989 ils avaient signé l’arrêt de l’Accord International du Café qui, bon an mal an, avait permis une bonne stabilité des cours, les pays du Nord envoyaient quelques millions de dollar au Vietnam, dans un souci humanitaire bien compréhensible. En moins de dix ans, le Vietnam a passé sa production de 50.000 à 850.000 tonnes pour devenir aujourd’hui le troisième producteur du Monde. Les pays riches ont déséquilibré structurellement le marché du café; on a jeté ainsi dans la misère des millions de caféiculteurs sur toute