Comprendre la mondialisation
N° 4 • SEPTEMBRE 2000 BIMESTRIEL
Gazette
DE LA SOCIÉTÉ ET DES TECHNIQUES
La
“Se défier du ton d’assurance qu’il est si facile de prendre et si dangereux d’écouter.”
Charles Coquebert Journal des mines n°1 Vendémiaire An III (1794)
Comprendre la globalisation
Qu’entend-on exactement par globalisation ? Quelle est la vraie nature de ce phénomène contre lequel les États ne semblent plus rien pouvoir ? Ne faut-il pas cesser de déplorer, de craindre, - de louer pour certains et tenter de comprendre ? En réalité, la globalisation est un phénomène propre au fonctionnement des marchés. Elle peut être géographique, mais tout aussi bien technique. Elle doit être distinguée d’autres phénomènes, comme celui de l’internationalisation des entreprises. Enfin, elle est à la fois voulue et subie, par les États, les entreprises et le public.
L
dans les années 70-80. Ce n’est qu’à la fin des années 80 que les investissements directs internationaux ont eux aussi rattrapé leur niveau de 19131. Quant à l’impuissance supposée des États, il n’est que de se référer à l’affaire Microsoft. La plus grosse capitalisation mondiale est en passe d’être démantelée, sous l’impulsion du Département de la Justice américain2. Comment interpréter les relations actuelles entre les entreprises, les marchés, les États ? La notion de globalisation n’estelle qu’un de ces mots qui brouillent la réalité plus qu’ils ne l’éclairent ? Peut-être pas. Une première distinction s’impose entre l’internationalisation des entreprises et la globalisation des marchés.
es débats sur la globalisation laissent perplexe. Ils tournent autour de quelques thèmes phares : les marchés, notamment financiers, seraient devenus mondiaux ; les entreprises n’auraient plus d’identité nationale ni de délimitation claire, n’étant plus que des réseaux d’échanges mondiaux, souples