Compte rendu critique de l’ouvrage de Sylvie Jopeck Le fait divers dans la littérature (2009)

Le présent compte rendu est orienté vers un objet de recherche particulier, en l’occurrence l’adaptation de faits divers criminels du 19e siècle en littérature. La lecture de l’ouvrage de Sylvie Jopeck est incluse dans ce cadre et constitue une très bonne entrée en matière. S. Jopeck analyse dans Le Fait divers et la littérature les différents types de rapports qui existent entre faits divers en tous genres et littérature (dans une très large acception). L’auteur qualifie la relation entre ces deux types de textes de « fascination profonde et prolixe » (p. 7). C’est par une série de définitions tant du fait divers que de la création littéraire que Jopeck introduit son propos, tout en contextualisant le fait divers, historiquemet et socialement : celui-ci apparaît comme véritable produit journalistique au XVIIe siècle avec la naissance du journal La Gazette. Son véritable essor date du XIXe siècle, époque de la démocratisation de la presse. Malgré cela, l’auteur insiste sur le fait que la création littéraire, depuis l’Antiquité au moins, s’est inspirée de faits divers. Nous rencontrons dès l’ouverture de l’ouvrage un aspect qui transparaît dans l’ensemble de la réflexion de Jopeck et que nous jugeons problématique. L’auteur donne d’emblée une définition journalistique du fait divers et pourtant n’a de cesse de s’en écarter en considérant le fait divers en tant que fait réel et incongru, et non plus comme « la nouvelle ponctuelle » (p. 7) qui apparaît dans les journaux. À travers cinq perspectives, l’auteur explore les va-et-vient entre fait divers et littérature. De manière assez générale pour commencer, elle montre comment le fait divers « alimente » les formes littéraires même les plus éloignées, comme la poésie, la chanson ou la nouvelle : sa structure courte et son écriture brève permettent plus facilement d’adopter une poétique de la brièveté. La