Compte
Pourtant, malgré l'amour qu'elle portait à son cher Joseph, la bonne Lucy ne lui avait jamais avoué l'étrange, le terrible secret qui faisait d'elle une femme hors du commun: elle était un peu sorcière. Sa grand-mère - une fieffée mégère, elle - lui avait appris avant de mourir quelques in-cantations assez efficaces pour lui permettre sans douleur de se transformer en n'importe quel ani-mal. Lucy avait donc le pouvoir d'entrer à volonté dans la peau d'un chat de gouttière ou d'une souris de salon, d'un tigre ou d'un dragon flamboyant, les monstres légendaires n'étant pas exclus du catalogue. Mais elle n'abusait pas de ce don bizarre. Elle en usait même avec la plus extrême discrétion. Sans doute, de temps à autre, allait-elle voleter, abeille parmi les abeilles, autour des fleurs de son jardin, mais elle ne poussait jamais plus loin l'extravagance. Elle était une épouse irréprochable et entendait le