Confessions de rousseau
Situation du texte
L’incipit des Confessions est évidemment déterminant puisqu'il définit le projet de Rousseau et les termes mêmes du pacte autobiographique. Ce préambule est procédé d'un prologue qui n'apparaîtra dans les éditons des Confessions qu'en 1850 (voir textes complémentaires, p. 300). Cet incipit se compose de trois paragraphes auxquels succède le début du récit autobiographique à proprement parler. Il place en épigraphe une citation tirée des Satires du poète latin Perse (34-62) tout à fait accordée au propos et aux intentions de Rousseau.
L'expansion du moi
On relève plus de trente formes qui correspondent directement à la première personne du singulier : le pronom sujet« je » (employé plus de vingt fois) et le pronom « moi » (trois occurrences), le pronom « me » (cinq occurrences), les adjectifs possessifs « mon », « ma », « mes» (huit occurrences). Cette omniprésence du moi donne au texte son évidente identité autobiographique, mais révèle aussi une attitude typiquement égocentrique. On pourra d'ailleurs faire observer quels mots commencent et terminent le premier paragraphe.
L'extrait présente une structure remarquable: trois paraphes qui augmentent progressivement (3, 5 puis 14 lignes) et où s'affirme constamment la prédominance du « je ». Chacun correspond à une identité du moi: le premier paragraphe affirme l'exemplarité et la vérité, le second la différence et l'originalité, le troisième la sincérité. Ils se présentent donc comme une revendication.
Une triple revendication
1.L'exemplarité est exprimée par les expressions « qui n'eut jamais d'exemple» (1. 1) et « dont l'exécution n'aura point d'imitateur» (1. 2). La vérité est revendiquée directement par « un homme dans toute la vérité de la nature» (1. 2-3).
2. La différence et l'originalité sont exprimées par la phrase «Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus [...] aucun de ceux qui existent» (1. 4-6), ainsi que par la