Conseil d'Etat
A l’encontre du décret accordant son extradition aux autorités maliennes, M. Koné soutenait que la demande d’extradition avait un but politique. Mais si l’accord franco-malien du 9 mars 1962 interdit l’extradition des personnes réclamées pour des infractions politiques, il ne comporte aucune stipulation excluant l’extradition demandée dans un but politique. Confronté par le passé à des situations identiques, le Conseil d’État avait écarté comme inopérant le moyen tiré du mobile politique du gouvernement requérant. Dans son arrêt du 3 juillet 1996, l’Assemblée du contentieux a adopté une solution différente : après avoir affirmé qu’un principe fondamental reconnu par les lois de la République interdit l’extradition des personnes réclamées dans un but politique, elle a jugé que les stipulations de l’accord franco-malien doivent être interprétées conformément à ce principe de valeur constitutionnelle et ne sauraient par suite limiter le pouvoir de l’État français de refuser l’extradition au seul cas des infractions politiques. Le moyen a donc été considéré comme opérant. Toutefois, l’Assemblée du contentieux a jugé qu’il n’était pas fondé en l’espèce, le but politique n’étant pas établi.
Ce revirement de jurisprudence, qui concerne au premier chef le droit de l’extradition, a une incidence sur la question délicate des rapports entre les traités et la Constitution.
L’article 5-2° de la loi du 10 mars 1927 prohibe l’extradition lorsque l’infraction a un caractère politique ou lorsque la demande a un but politique. La première de ces deux interdictions se retrouve dans presque toutes les conventions d’extradition. En revanche, la