Consommation et épargne
RÉGULATION BANCAIRE
Assurance anticrise (Jean PISANI-FERRY, 7 septembre 2010)
Deux ans ont passé depuis le déchaînement de la crise financière, et nous commençons à peine à en mesurer les conséquences. Andrew Haldane (Banque d'Angleterre) a récemment estimé que la valeur actualisée de toutes les pertes de production présentes et futures approcherait sans doute une année de produit intérieur brut (PIB) mondial : 60 000 milliards de dollars (46 700 milliards d'euros), soit cinq siècles d'aide publique au développement, ou dix milliards de fois le coût de construction d'une classe dans un village africain.
La question centrale de la réforme financière est de savoir comment réduire la fréquence de tels cataclysmes, et à quel coût. Car si certaines réformes ne coûtent rien, d'autres ont inévitablement un prix économique. C'est le cas de la réglementation des ratios de capital des banques, qui fait actuellement l'objet de vives discussions. L'idée est de rendre les banques mieux aptes à subir des pertes sur leurs créances en les obligeant à accroître leurs fonds propres et à moins se financer par l'endettement. A quoi celles-ci répondent que cela rendra le crédit plus cher et affaiblira l'économie.
Supposons, hypothèse raisonnable, que les crises financières interviennent tous les cinquante ans. Pour éviter de perdre 100 % d'une année de production tous les demi-siècles, il serait rationnel de payer une prime d'assurance, pourvu que celle-ci s'élève à moins de 100/50, soit 2 points de PIB par an. Le Comité de Bâle, qui coordonne la réglementation bancaire, a récemment calculé qu'une hausse d'un point du ratio entre le capital des banques et le montant de leurs actifs à risque augmenterait le taux des crédits de 0,13 point mais, en contrepartie, réduirait