Contes : histoire sur l'alimentation belge
INTRODUCTION (1ère partie)
Si tu l’as survolé, la nuit, sans doute sais-tu, comme les pilotes, qu’il est, avec ses autoroutes illuminées, le cœur le plus scintillant de l’Europe. Le jour, c’est autre chose. Le jour, venant de la mer, étranger, tu n’auras pas manqué de voir l’ourlet doré de nos plages, son bourrelet de dunes et tout de suite après, de lage landen bij de zee, ce plat pays près de la mer qu’est la mère Flandre avec ses canaux et ses champs de damiers, Bruges et son beffroi, et quoi, l’Escaut et Gand, déjà ? Non, déjà Bruxelles, sa grand-place et ses mini gratte-ciels, la forêt de Soignes que talonnent les collines brabançonnes, déjà Namur, sa citadelle, la Meuse, la forêt d’Ardenne, la trouée de vergers de Gaume et … terminé ! C’était la Belgique, tu l’as dépassée.
Et pourtant, et pourtant, si tu savais, étranger qui nous survoles, en route vers Paris, Londres, Francfort, Luxembourg ou Amsterdam, si tu savais tout ce que tu as manqué de ne pas t’être arrêté !
Pardon, tu l’as déjà fait, à Bruxelles ? Ah oui, oui, Bruxelles, communautés européennes, conseils, commission et tutti quanti. C’est bien. Enfin, c’est mieux que rien. Mais tu sais, pour nous, l’Europe, cela n’a rien d’original. C’est comme qui dirait chez nous une vocation. Pense donc, depuis le temps que défilent en visite, de passage ou en occupation, allemands, hollandais, français, autrichiens, espagnols, bourguignons (je remonte dans le temps et certainement, j’en oublie), les francs, les saxons et les romains qui ont donné le ton, affirmant, sans doute pour nous faire passer la pilule, que de tous les peuples de la Gaule, les belges étaient les plus braves ( un compliment, même vieux de deux mille ans, c’est toujours bon à prendre). Oui, l’Europe, chez nous, c’est une vocation millénaire. Après les romains, Charles Quint aussi s’en aperçut, qui, depuis Bruxelles déjà, tint à gouverner l’empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais.