Corneille, le cid, acte i scène vi
La tragi-comédie publiée par Corneille en 1637, Le Cid est inspirée de celle de Guilhem de Castro, Les Enfances du Cid (1621) et remporte un grand succès, malgré les vives critiques des « doctes », frappés par l’invraisemblance du dénouement, la conduite choquante de Chimène, future épouse du meurtrier de son père, les emprunts à Guilhem de Castro et l’irrespect de la règle des 3 unités. A la scène VI de l’acte I, Don Diègue vient d’être souffleté par Don Gomès, père de Chimène, mécontent que le roi de Castille, Don Fernand, ne l’ait pas choisi comme précepteur de son fils. Trop âgé pour prendre l’épée, Don Diègue demande à son fils de se venger. C’est pour ce dernier une épreuve accablante : Comment vouloir la mort de son futur beau-père ? Au cours d’un duel de valeurs d’égale force, Amour et Devoir, il doit cependant faire un choix.
En quoi cet extrait ménage-t-il une progression dramatique allant de la situation tragique à la conquête de la liberté ?
I- Le conflit intérieur (v.1 à 30)
a) Un événement traumatisant
* La souffrance de Rodrigue : * nouvelle accablante annoncée au chiasme (v.299-300). * Elle est double : * Physique (métaphore filée de l’épée « percée », « atteinte », « cède au coup qui me tue », image de la pétrification v.295, rime « abattue » et « tue »). * Morale (« misérable » V.293, « malheureux » v.294, « abattue » v.295, « peine » v.298). * 1ère stance : autoportrait du héros perdu de douleur. * Submergé par l’émotion. * Un héros tragique : * Destin s’est abattu sur lui, le privant de toute liberté. * 1ère stance, Rodrigue impuissant est dominé par une force transcendante : * 4 premiers vers apposés à « je ». * Tournure passive (« cède » v.296). * Verbe d’état « demeure » : immobilité. * Apostrophe divine « Ô Dieu » : impuissance. * Présence de la mort (« mortelle » v.292). * 1ère stance correspond à la « captatio