Corpus
Dans ces textes, un personnage est en proie aux doutes. La solitude dont témoigne le monologue a des causes différentes et s'exprime de façon singulière. Le premier, Lorenzo, cherche à piéger son ennemi : ses motivations sont donc d'ordre politique. Il se joue en lui un dialogue, dont l'attente est sans doute la cause : « Entrez donc» (l. 8). La vengeance semble l'animer : afin de mettre au mieux en œuvre son projet d'assassinat, il anticipe sur les circonstances et tâche de prévoir les réactions de sa victime : il est tout entier tourné vers les scènes à venir : « l'heure va venir » (l. 27) Il joue la scène afin de me mieux s'y préparer.
Le jardinier d'Electre de Giraudoux s'adresse directement au public : « je suis libre de venir vous dire » (l. 1) , « merci d'être là » (l. 10). A ceux auxquels il se confie, il promet l'authenticité car il n'a plus rien à perdre, il a en effet perdu tout ce qu'il désirait : Electre elle-même. C'est donc seul qu'il se livre à cet exercice de vérité. Au milieu d'un contexte de violence, il relève le défi de parler d'amour. Ce personnage malheureux tente de nous convaincre et de se convaincre lui-même que la vie vaut malgré tout d'être vécue.
Un faux dialogue est entamé dans le texte de Beckett. Le personnage principal parle à un interlocuteur absent, peut-être mort, mais aimé. C'est l'occasion pour Winnie de faire le bilan de son existence : le constat est amer : « avoir été toujours celle que je suis- et être si différente de celle que j'étais. » (l. 30) Comme le personnage de Giraudoux, celui de Beckett s'interroge sur le pouvoir des mots et le sens qu'on leur donne habituellement : « il y a si peu qu'on puisse dire » (l.