Correspondance
Quelques pistes et réflexions pour l’étude de textes littéraires.
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INTRODUCTION
Ce poème est un sonnet (ABBA / CDDC / EFE / FGG) ; à travers cette forme fixe, immuable, Baudelaire évoque la Nature dans toute sa splendeur, au milieu de laquelle l’homme se promène envahi mais charmé. Le poète retranscrit les sensations rencontrées lors d’une ballade en forêt.
CHARLES B AUDELAIRE
(1821–1867)
IV. CORRESPONDANCES
in Les Fleurs du Mal (1857)
I. UNE NATURE
GRANDIOSE , IMPOSANTE , VIVANTE
La nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, – Et d’autres, corrompus, riches et triomphants, Ayant l’expansion des choses infinies, Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
La Nature est ici personnifiée : « vivants piliers (vers 1), elle « observe » (vers 4), « paroles » (vers 2). Elle est imposante, gigantesque : un « temple » (vers 1), comme si elle renfermait quelque chose de mystérieux ; des « piliers » (vers 1), des arbres centenaires, sorte de lieu inébranlable. C’est un lieu unique, imposant par son unité, presque inquiétant car immense : « vaste comme la nuit et comme la clarté » (vers 7), les mots « nuit » et « clarté » (vers 11) , pourtant opposés, sont ici réunis, symbole de cette unité apparente de la Nature. Mais aussi, on ressent à travers ces vers une grande confusion, tout s’embrouille : « confuses » (vers2), « se confondent » (vers 5). L’immensité du lieu devient infini, la Nature n’a plus de limites : « longs échos » (vers 5), « vaste »