Cours inconconscient
Les enjeux de la notion – une première définition
Si l’on affirme qu’il y a en nous des désirs, des impulsions, des mécanismes qui nous sont inconnus et inaccessibles car fondamentalement étrangers à notre conscience, alors c’est le projet même des philosophies de la conscience qui se trouve profondément remis en question. Car le présupposé fondamental de cette philosophie est que toutes nos activités psychiques peuvent être saisies réflexivement par la conscience, rien ne pouvant, en droit, échapper à celle-ci. Si dans les faits nous ne sommes peut-être pas conscients à tout moment de notre activité psychique, cela ne supprime aucunement la possibilité que nous le soyons. L’inconscient perturbe cette conception car il pose qu’il y a un autre de la conscience qui lui est totalement étranger. Cet inconscient, cela peut tout d’abord être un « infra-conscient » (et pourquoi pas un « supra-conscient »), composés de sensations trop faibles pour parvenir à la conscience (ou de réflexions qui vont au-delà de la conscience). Il peut être également composé des instincts ou des puissances de la vie, souvent liés à la nature corps de l’homme. Mais, et c’est là que se situe la découverte de Freud, l’inconscient peut-être conçu comme une entité psychique à part entière, ayant sa propre structure et son propre fonctionnement, et n’ayant donc pas moins « droit de cité » dans le système psychique que la conscience.
L’inconscient dans la philosophie classique et moderne
« D'ailleurs il y a des marques qui nous font juger qu'il y a à tout moment une infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et réflexion, i.e. des changements dans l'âme même dont nous ne nous apercevons pas, parce que ces impressions sont ou trop petites et en trop grand nombre, ou trop unies, en sorte qu'elles n'ont rien d'assez distinguant à part, mais, jointes à d'autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l'assemblage. »