L’homme s’arrêta devant la maison. Il avait marché depuis des jours, des mois, des années pour y parvenir. La bâtisse était délabrée : la porte, jadis couverte d’une peinture rouge écarlate, s’était écaillée. Les fenêtres étaient brisées. Elle était située au milieu d’un quartier huppé d’une mégapole déserte, jadis connue sous le nom de Paris. L’homme s’approcha de la demeure et essaya d’ouvrir la porte, mais se retint au dernier moment. Il pensa pendant quelques instants puis se décida : mieux valait entrer pour la nuitée. Il essaya de l’ouvrir, mais celle-ci était coincée sur ses gonds. Il essaya donc de la défoncer d’un coup d’épaule. Il réussit, mais une douleur fulgurante le fit grimacer.Il pénétra dans la maison. La première chose qu’il sentit fut une odeur de putréfaction insoutenable, comme pendant les premiers jours de la pandémie, l’amenant à régurgiter le peu qu’il avait mangé cette journée. Plié en deux, l’homme regarda autour de lui. Un goût âcre flottait dans sa bouche. La maison était plongée dans un noir complet. Il gratta une allumette, se brûlant les doigts, qui dégagèrent une légère fumée blanche. Il finit par se relever pour observer ses alentours. Il était dans l’entrée de la demeure. Des toiles d’araignées lui frottaient le visage, le faisant frissonner de joie. Il y avait si longtemps qu’il avait croisé les traces d’un être vivant! Il sortit de l’entrée, s’empêtrant dans plusieurs autres toiles avant d’arriver dans la cuisine. On pouvait apercevoir à travers les fenêtres les ombres menaçantes des maisons avoisinantes.Lorsqu’il arriva dans la cuisine, il s’arrêta net. Il venait d’apercevoir une photographie déchirée qui trônait sur la table de cuisine, maintenant couverte de mousse verte et de champignons. Il l’a pris, regardant les couleurs délavées par le passage des années se mêler entre elles pour former une image de sa douce moitié, celle avec qui il avait vécu, puis qu’il avait vue mourir en même temps qu’une partie de lui-même. Les