critique de surréalisme
Lingue Linguaggi 5 (2011), 99-110
ISSN 2239-0367, e-ISSN 2239-0359
DOI 10.1285/i2239-0359v5p99 http://siba-ese.unisalento.it, © 2011 Università del Salento
HISTOIRE DES CRITIQUES DU SURRÉALISME
ET CRITIQUE DES HISTOIRES DU SURRÉALISME
Pour une démystification de “l’historiographie surréaliste”
ANDREA D’URSO
1. Critique de la critique acritique
«Un bon surréaliste est un surréaliste mort». Telle semble être la devise que la plupart des historiens du surréalisme se proposent de suivre et de confirmer dans leurs travaux savants, surtout après la disparition d’André Breton en 1966, comme le faisaient les colons contre les Indiens d’Amérique, suivant une réponse attribuée au général Philip Henry
Sheridan. Mais déjà du vivant de Breton, le mouvement surréaliste se voyait préférer à la fois ceux qui s’auto-définissaient comme ses «ennemis intérieurs» (tel que Bataille) et les soi-disant «hérétiques» n’ayant vécu que pour très peu de temps l’aventure surréaliste
(Leiris, Queneau, Ponge, etc.). Tant et si bien qu’une autre paraphrase aussi, suivant le détournement proposé un siècle plus tard par l’Indien Harold Cardinal du dicton issu de
Sheridan, semble convenir à cette autre démarche, encore actuelle, de la critique littéraire:
«Un bon surréaliste est un non-surréaliste».
Peut-être, face à cet état des choses de la critique «historique» du surréalisme tendant à fixer les étapes événementielles de pareil objet d’étude, tenu pour mort et enterré, dans son immobilité cadavérique dissécable à l’infini, ou à retracer les pratiques sans plus de pratiquants qu’il aurait parsemées tout au long de son parcours, comme le fait de sa bave la limace, avant de se dissoudre au soleil, n’y a-t-il pas de meilleure explication que celle d’Engels (1878), déjà rappelée par René Crevel en 1931 (p. 36), «en réponse aux histoires littéraires, panoramas, critiques»: «L’habitude d’envisager les objets, non dans leur mouvement mais dans leur