Croissance, crise et protection sociale
Y a-t-il un lien entre la conjoncture économique et la protection sociale ?
Les deux institutions que sont d'un coté le marché du travail (qui donne un revenu direct) et de l'autre la protection sociale (qui distribue un salaire indirect) sont les conditions l'une de l'autre. Ce sont les deux faces d'une même réalité : le salariat moderne. Au XIX°, le développement du concept libéral du marché du travail a conduit à combattre les formes d'assistance traditionnelles au profit de la responsabilité. Au XX°, avec le développement du schéma fordien, le salaire direct est devenu de moins en moins individualisé, on peut même reconnaître qu'il est de moins en moins lié au temps de travail. Le salaire indirect a pris une place de plus en plus grande. Avec la montée du fordisme, la seconde institution qu'est la protection sociale s'est développée. Les évolution contemporaines conduisent à ré-individualiser le salaire direct et débouche sur une remise en cause des mécanismes de la protection sociale. Ce qu'il faut retenir, c'est que toute cela est la conséquence de la généralisation du salariat qui ne peut appeler qu'à une refonte du système de protection sociale. Ainsi, la protection sociale et le salariat entretiennent des rapports dialectiques.
La naissance du marché du travail... A. Des résistances aux premières formes d'assistances.Le concept de marché du travail émerge avec la révolution industrielle, c'est à dire au moment où le travail est devenu une marchandise que l'on échange contre un prix. Karl Polanyi nous explique que la révolution industrielle, c'est précisément ce phénomène de marchandisation de la monnaie et du travail. Les lois le Chapelier de 1791 supprime toute corporation, le travail est rendu libre. Globalement, les individus ont résisté à cette marchandisation du travail, pour une raison simple : cette marchandisation a débouché sur une dévalorisation du travail. Avec le marché du travail, le