Croissance et emploi
A. L'ascenseur social est-il en panne ? La mobilité sociale dépend de la stratification sociale, c'est-à-dire du mode de différenciation des groupes sociaux. Dans les sociétés d'ordres ou de castes, la mobilité sociale n'existe pas car le statut social est transmis à la naissance. Elle n'est possible que dans les sociétés démocratiques où le statut social est acquis. Alexis de Tocqueville est le premier sociologue à avoir identifié ce lien entre mobilité sociale et démocratie. Selon lui, les démocraties se caractérisent par un processus d'égalisation des conditions. Mais l'égalité des situations est impossible à réaliser. La démocratie valorise alors l'égalité des chances plutôt que (égalité matérielle. Dans la société française contemporaine, l'ambition des individus est de grimper dans l'échelle sociale. Si (égalité des chances existe, chacun peut espérer occuper les positions sociales les plus élevées grâce à ses efforts et son talent: c'est le principe de la méritocratie. B. Comment la mobilité sociale a-t-elle évolué en France? Pour mesurer la mobilité sociale, on utilise une table de mobilité. La diagonale d'une table de mobilité mesure l'immobilité sociale tandis que les chiffres extérieurs à cette diagonale représentent la mobilité ascendante (ascension sociale) ou descendante (démotion sociale, déclassement social). En France, la mobilité sociale augmente depuis 1945, comme le montre la réduction des chiffres de la diagonale des tables de mobilité. Contrairement aux discours pessimistes sur la panne de (ascenseur social, elle est même restée stable depuis la crise. Pourtant, la mobilité sociale est limitée. La mobilité se réalise principalement entre catégories sociales proches : les trajets sociaux sont courts. Ainsi, les enfants de cadres ont une faible probabilité de devenir ouvrier et les enfants d'ouvriers ont une faible probabilité de devenir cadre. La mobilité sociale profite alors