En ce qu'il reste fidèle à l'amour d'une seule femme toute sa vie. De plus il a une haute conception de l'amour. Il est capable de sacrifier son désir à son amitié. Cyrano cultive les vertus héroïques, dont le sens de l'honneur alors que Dom Juan est un fuyard et un hypocrite se parjurant à plusieurs reprises... Pâles figures en vérité que ces doubles de Cyrano à côté du héros central de la pièce. Ce que recherche Cyrano, ce n’est ni la gloire, ni la fortune, ni même le bonheur et l’amour, c’est le sens du panache. Le panache est devenu, et ce déjà à l’époque de Cyrano au XVII siècle, le symbole d’un héroïsme désuet et d’un personnage coupé des réalités et des compromissions du monde. Le second trait saillant de Cyrano, c’est évidemment son nez et les complexes qu’il a gravés à l’intérieur de lui-même. Mais ce nez phénoménal, ce n’est finalement que la marque extérieure d’une souffrance psychologique profonde : celle d’être laid, mais surtout d’être différent des autres, de n’être ni reconnu ni aimé. Ainsi affligé d’un appendice nasal hors du commun, Cyrano se situe toujours avec panache à la pointe du combat : il s’évertue à toucher l’adversaire, à la fois par sa virtuosité dans le maniement du fer et des vers, « Je coupe, je feinte… […] A la fin de l’envoi, je touche. » (vers 435-436) et par sa rhétorique, son sens du mot d’esprit et de la pointe assassine. La conscience de sa laideur s’accompagne d’un désir de beauté chez l’autre, chez Roxane, comme chez Christian. Ce dernier lui fournit, dans l’union quasi mystique qu’il contracte avec lui, un déguisement idéal pour laisser libre cours à son esprit et à son affectivité. Christian devient ainsi à la fois le double absolu et l’alter ego de Cyrano, l’organe qui donne voix à son désir, qui lui permet d’être à la fois lui-même et un autre, une absence et un prolongement. Cependant, l’union avec un tel « coéquipier » se révèle vite funeste : seule la mort du corps de Christian, à