Céline - "je refuse la guerre"
Introduction
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Le roman de Louis-Ferdinand CELINE (1894-1961), Voyage au bout de la nuit met en scène un personnage commun, Ferdinand Bardamu, aux prises avec les grandes questions de son époque : la guerre de 1914-1918 dans laquelle il s’engage, et dont il découvre les horreurs, le colonialisme, le modernisme, le progrès. De malheur en déchéance, le héros malmené par les événements, découvre le monde et le fait découvrir aux lecteurs, avec une ironie et un cynisme grinçants. Le roman est écrit à la première personne, dans une langue volontairement crue et familière. Au début du roman, Ferdinand Bardamu, engagé volontaire, participe à la guerre de 1914. Envoyé au front, il mêle au récit de ce qu’il observe des remarques acerbes sus sa propre incompréhension, sur l’absurdité de la guerre et sur le comportement de son colonel. Dans cet extrait, Bardamu, engagé volontaire pour le front de la Grande Guerre, exprime son anti-héroïsme et son opposition au patriotisme de l’infirmière Lola. Son individualisme et son anarchisme apparaissent sous la forme de ce style direct et populaire si caractéristique de l’écriture célinienne.
Lecture
Oh ! Vous êtes donc tout à fait lâche, Ferdinand ! Vous êtes répugnant comme un rat… - Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu’il y a dedans… Je ne la déplore pas moi… Je ne me résigne pas moi… Je ne pleurniche pas dessus moi… Je la refuse tout net, avec tous les hommes qu’elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle. Seraientils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul, c’est eux qui ont tort, Lola, et c’est moi qui ai raison, parce que je suis le seul à savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir. - Mais c’est impossible de refuser la guerre, Ferdinand ! Il n’y a que les fous et les lâches qui refusent la guerre quand leur Patrie est en danger... - Alors vivent les fous et les lâches ! Ou plutôt survivent les fous et les lâches ! Vous