Dans le parc solitaire et brumeux
Je descendis les grands escaliers. Un mur de brouillard montant du parc masquait la vue au-delà. Pourtant, je m’y enfonçai d’un pas vif. J’étais satisfait de disparaître de la vue des autres et pas mécontent de les inquiéter.
Très vite, je commençai à éprouver une légère appréhension car le brouillard devenait de plus en plus épais. En quelques minutes, je ne savais plus quelle direction prendre pour rebrousser chemin.
A ce moment-là, je crus entendre des hennissements. Je pensai aussitôt à des cavaliers et marchai vers eux pour trouver de l’aide. Je butai soudain contre la margelle d’un bassin. Je m’apprêtais à le contourner quand, à ma grande surprise, bientôt mêlée d’effroi, il me sembla que le souffle des chevaux se dirigeait vers moi. Il s’ accompagnait de bruits d’éclaboussement. Etait-ce possible ? Ces cavaliers se seraient-ils eux aussi perdus dans le brouillard et traverseraient-ils par mégarde le bassin ?
Soudain, une vision d’épouvante me laissa pétrifié d’horreur. Quatre chevaux, sombres comme le bronze oxydé, sortirent de la brume à quelques pas de moi, m’éclaboussant au passage. Ils tiraient un char antique mené par un jeune homme complètement nu. Son visage aurait pu sembler beau, s’il n’avait été déformé par la colère. Sa bouche paraissait proférer des menaces mais je n’entendais pas.
J’assistais à la scène dans le plus grand silence. J’aurais voulu hurler de terreur. J’en étais incapable. Je ne pouvais pas fuir non plus. Mes membres était devenus si lourds que même bouger le petit doigt m’était impossible. Il me sembla m’être transformé en statue de pierre.
Tout à coup, une silhouette passa devant moi, poursuivie par le char, avec un visage épouvanté