David hum
Qu’est-ce qu’une « histoire naturelle » ? Le terme « naturel » est ambigu et polysémique. Hume peut donc enquêter sur un sujet aussi sensible que la religion sans craindre directement l’ire des fanatiques religieux. Mieux, il peut prétendre avec astuce que si la religion est naturelle, donc spontanée, alors l’homme est naturellement religieux et sa religiosité est la marque de fabrique que Dieu, son créateur, a implémenté en lui. Il défendra d’ailleurs cette idée dans le premier chapitre de l’Histoire naturelle de la religion, afin de se couvrir d’emblée face aux menaces – terribles – que son livre fait peser contre lui.
En effet, si l’on peut défendre l’idée selon laquelle la justice n’existe pas en dehors des hommes et qu’elle se fait jour au cours du développement historique de la société, il en va tout autrement de la religion. Dire que la religion existe comme phénomène historique, qu’elle peut être examinée à l’aune des principes épistémologiques de la science de l’homme en tant que phénomène et non en tant que sphère sacrée devant laquelle l’historien doit plier le genou, revient dès le départ à adopter une démarche quelque peu sacrilège. C’est pourtant bien ce que fait Hume (et cela lui vaudra le surnom de great infidel parmi ses contemporains) dans ce livre.
Si, dans le Traité, le philosophe écossais évitait de s’aventurer trop près des questionnements abordés par la religion (lorsqu’il parle du débat sur l’immatérialité de l’âme, il se contente de réfuter les thèses de Descartes et explique ostensiblement qu’il n’attaque pas la religion), il n’en va pas de même dans l’Histoire naturelle de la religion, un petit livre en 15 chapitres où il retrace le développement historique du fait religieux.
En tant que philosophe poursuivant le projet d’une science, Hume abolit la distinction entre histoire sacrée et histoire profane. L’histoire sacrée, défendue