David olère
De nouveau ce dessin montre une situation double. Celle, dedans, où rien ne manque (tasse de thé ou de café, pipe et cigarettes) et où il est possible d’échanger tranquillement entre individus, sans souci, et celle, dehors, de la réalité quotidienne du camp qui concerne des milliers de prisonniers. De la même façon que de l’autre côté de la scène sereine (D. Olère peignant un abat-jour), il y a un Kapo ; lorsqu’on regarde par la fenêtre, de l’autre côté du SS qui se tient immobile, il y a le K II.
Pour David Olère comme pour beaucoup de survivants, il y a vraisemblablement cette double lecture du monde de façon définitive. Le camp est comme une sorte de toile de fond continuelle de la pensée, presque une grille d’analyse du réel, même de façon involontaire. On peut penser à ce sujet aux bandes dessinées d’Art Spiegelman que chacun connaît. Il y montre clairement son père pris dans ce va-et-vient continuel et irrépressible, plusieurs décennies après son retour de déportation, vivant aux Etats-Unis… mais par exemple à l’occasion de la préparation d’une valise, montrant à son fils comment s’y prendre efficacement parce que parfois on n’a le droit d’emporter